La Maillerie est le nouveau nom de l'imposant centre de logistique de la société 3 Suisses, situé à Croix au Sud de Roubaix. Sur son emplacement devenu disponible suite à l'arrêt de l'activité logistique en 2017, un projet d'éco-quartier a été imaginé par les autorités locales et les promoteurs (Flers aménagement qui appartient aux promoteurs Linkcity et Nodi). Ce projet implique de nombreux acteurs dont Neo-Eco pour la partie conseil et implémentation de boucles d'économie circulaire.
En effet, « l’un des objectifs est de réutiliser le plus possible les éléments disponibles sur le chantier de déconstruction », affirme Alexandre Garcin, responsable Innovation & Partenariats pour Bouygues Bâtiment Nord-Est.
Christophe Deboffe, l’un des directeurs de Neo-Eco, ajoute : « La déconstruction que nous avions à proposer, nous l’avons voulu innovante, économique et durable dans le sens de l’économie circulaire. Mais, sur le plan pratique et à l’échelle du site, il fallait trouver une filière de valorisation pour chacun des composants et des composés trouvés". De ce fait, « Il convenait de déterminer la liste et les quantités de ce qui était réutilisable ou recyclable ». Dans ce but, plus de 3000 photos ont été prises.
Le collectif de cinq architectes Zerm a participé à la rédaction des protocoles de dépose. Il a aussi géré la récupération de différents éléments présents dans les bâtiments, qui ont servi à fabriquer des produits d'apparence similaire aux produits industriels neufs.
L’atelier chantier d’insertion Fibr’ & Co a créé du mobilier avec des matériaux de récupération issus du chantier, tout en contribuant à l'insertion de jeunes adultes en difficulté.
Concernant les bétons, « L’analyse des bétons a conduit à réaliser 24 carottages à des endroits différents dans les bâtiments. Ils ont indiqué que les quatre bâtiments n’avaient pas été construits simultanément et que les formulations des bétons n’étaient pas identiques », précise Christophe Deboffe.
Simon Regi, de Thera ingénierie (études environnementales et diagnostique de la déconstructionà, détaille : « Les quantités totales de béton et de maçonneries à base de ciment à traiter sont estimées à 45 000 T, dont 30 000 T de bétons. Pour les 15 000 meilleures tonnes, l’objectif est de produire 7 500 T de granulats 6/14 de type 1, c’est-à-dire contenant moins de 5 % d’indésirables. Les fines 0/6 seront utilisées en VRD et les >12 en remblai. Les autres 15 000 T serviront de sous-couches routières. »
D'autres boucles d'économie circulaire ont été imaginées: Christophe Deboffe mentionne « un projet de fabrication de carrelages à base des fines qui imite un grès cérame » et la récupération d'un parquet en chêne dont la quantité totale disponible correspond à 200 arbres âgés de 135 ans et qui auraient très probablement été brûlés dans un chantier de déconstruction classique.
Le secret de ce chantier de déconstruction reconstruction innovante : Dans chaque cas, des méthodologies simples et industrialisées ont été mises au point par Neo-Eco et les autres acteurs engagés dans le projet afin d’optimiser le prix de revient et le calendrier.
